Dans cet épisode, la psychiatre strasbourgeoise Francine Mayran nous raconte comment elle est devenue artiste de mémoire.
Immortaliser la mémoire des génocides
Regard franc et déterminé, l’artiste de mémoire Francine Mayran nous parle de sa passion : la peinture et la sculpture qu’elle consacre à la mémoire des génocides.
A la fois psychiatre, céramiste, peintre et experte auprès du Conseil de l’Europe, cette strasbourgeoise, profondément humaniste et dotée d’une grande sensibilité, Francine Mayran s’est mise à peindre la mémoire de la Shoah à partir de 2008.
« Le jour où j’ai commencé à peindre la Shoah, c’est là que ma peinture est venue. Je peins à mon insu, ce n’est pas volontaire. C’est comme si c’était un ordre », explique-t-elle.
Les portraits de la mémoire
De cette mission de vie sont nés 300 portraits qu’elle entrepose actuellement dans son atelier. On y trouve des portraits d’enfants, comme par exemple celui d’Anne Frank ou de la petite Jacqueline Morgenstern ou de la cette juste polonaise Irena Sendler, qui grâce à ses actes de rébellion, a réussi à sauver 2000 enfants juifs du ghetto de Varsovie.
Transmettre aux jeunes
Pour l’artiste de la mémoire, une préoccupation : sensibiliser les jeunes. Les portraits de Francine Mayran « sont des lumières pour la jeunesse », dit-elle. Pour elle, il était donc primordial qu’on sente la présence des âmes dans ses portraits, rappeler qui étaient ces personnes avant de mourir.
Puis sont venus les questionnements de l’artiste par rapport à la transmission. Parmi ces questions : la position du témoin. « Qu’est-ce qu’on fait quand on est témoin. Est-ce que le témoin est coupable de ne rien faire ? », se demande-t-elle.
Parcours européen de la mémoire
Son insatiable quête l’a également poussé à élargir le champ de son oeuvre et au delà du génocide des juifs, elle consacre sa force créative aux génocides des Tsiganes puis à celui de Tutsis, des arméniens y compris des Yezidis. Avec plus de 50 expositions, Francine Mayran a désormais construit un parcours européen de la mémoire.
Les valises-mémoire
Son dernier projet en date : les valises-mémoire. Un projet artistique franco-allemand destiné à sensibiliser les élèves des deux côtés du Rhin à la problématique du génocide. Symbole du voyage, la valise est aussi celui de l’exil et de la migration. En demandant aux élèves de réfléchir à ce qu’ils mettraient dans leur valise s’ils devaient partir subitement, l’artiste leur demande de raconter une histoire liée à cette thématique.
Pour donner l’exemple aux élèves, Francine Mayran a choisi de faire la valise de l’artiste juive-ukrainienne Chana Orloff. Arrivée à Paris en 1910, la sculptrice devient la portraitiste de l’élite parisienne dans les années 20. Menacée d’être arrêtée pendant l’occupation allemande, elle arrive à se réfugier en Suisse. Son histoire, Francine Mayran la raconte dans la valise qu’elle lui a consacrée. D’ailleurs Ariane Tamir, la petite fille de l’artiste qui s’occupe désormais de l’oeuvre de sa grand-mère, viendra à Strasbourg le 7 juin prochain dans le cadre de l’inauguration de l’exposition des valises-mémoire qu’auront fait les jeunes de part et d’autre du Rhin.
L’interview avec Francine Mayran
Pour écouter Francine Mayran, cliquez sur le lien ci-dessous : https://podcast.ausha.co/c-etait-ce-jour-la/episode-14-francine-mayran-artiste-de-memoire
Pour en savoir plus sur Francine Mayran et son oeuvre, vous pouvez consulter son site via le lien ci-dessous : http://www.fmayran.com/accueil.html
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